vendredi 9 octobre 2009

Cliquez, consommez.

Paris c'est dégueulasse, il y a de la pub partout, même sur ce blog.

Ça devrait pas rester longtemps, mais je veux voir si la perversion du système commercial poussera Google à afficher des annonces pour des sites vendant des bouteilles de gaz et de la mitraille. Après quoi on devrait m'accuser d'être financé par le terrorisme.

On s'amuse comme on peut.

mercredi 7 octobre 2009

Comment tout perdre, à commencer par son temps?

Tout d'abord, il faut se munir de temps en quantité déraisonnable, le luxe du gaspillage commence par la proximité de l'opulence. Commençons sur une base de vingt-quatre heures par jour de moyenne, extensible par la suite en développant nos compétences de gestion de tâches chronophages en simultané.
L'ubiquité appliquée au brassage de vent.

Ensuite, vivre dans une grande ville, la plus impersonnelle qui soit, par exemple Paris. Paris la grande, la magnifique, étendue sur des dizaines de kilomètres, sinueuse à souhait, grouillant de toute part, avec vous pas vraiment au milieu, mais pas assez excentré pour vous couper l'espoir de pouvoir vous y déplacer rapidement. L'espoir c'est quelque chose de sale. L'espoir, c'est se faire casser un seul genou et penser pouvoir se relever. L'espoir c'est dire "je t'aimerai toute ma vie".
L'espoir c'est un mensonge à retardement.

Enfin, il faudra essayer de rencontrer des gens sans la farce de l'ivresse.
Prendre rendez-vous avec une amie, demander si elle est libre, attendre une réponse, désespérer seul, prévoir autre chose, obtenir une réponse, repousser le rendez-vous, ne plus jamais avoir de nouvelles. Attendre le soir, patienter seul. Attendre le métro, parcourir sept cents cinquante mètres, perdre son temps à vouloir en gagner. Appeler, tomber sur un répondeur, laisser un message. Rentrer chez soi, seul. Laisser un commentaire, attendre un mail. Se coucher tard, se lever tard, recommencer.
Et à la fin regarder sa montre, et pester devant tout ce temps à venir, et chercher une idée pour le passer agréablement.
Appeler quelqu'un, convenir d'un rendez-vous, et annuler.

mardi 28 juillet 2009

Les enfoncer toutes.

Et puis j'ai découvert le bonheur de la violence spontanée.

A la sortie de ces longs couloirs dégueulasses, après un trajet collé à un poteau poisseux, j'ai pu en moins de deux secondes laisser éclater une colère fulgurante, une réaction inappropriée face à la futilité de la menace, une frappe préventive dans le but de vomir une accumulation de pression inédite.

Transporté dans une foule où chacun de mes pas étaient régis par la cadence qu'elle imposait, je me suis vu gonfler de haine, ou plutôt d'une envie insatiable de tuer chacune des personnes m'entourant à mains nues.
Dans ce magnifique sentiment, il me fallait trouver un exutoire simple et efficace, c'est alors qu'elles sont venues à moi, ces deux putes en habits de lumière. Je les avais vu de loin et je pressentais déjà l'événement, imaginant chaque phase de mon geste pour les atteindre à la tête, dans une tempête meurtrière. Au fur et à mesure que j'approchais, je préparais mon coup: une droite sans avertissement, je n'avais pas le temps de discuter et l'idée d'un contact me remplissais d'une excitation sans précédent.

Je ne m'étais pas trompé, la non réaction de leur part a déclenché mon déferlement de violence. Dans une seule percussion, je les ai atteintes toutes les deux, elles n'ont rien pu éviter. A ce moment, je me suis laissé traversé d'un sentiment de complète béatitude, il ne manquait que la vue du sang à cette sublime victoire. Je n'ai pas eu à attendre trop longtemps, une de mes phalanges ayant pris soin d'éclater sur leur petites gueules.

Je me suis senti grand, la prochaine fois je frapperai autre choses que des portes automatiques. Pour voir.

vendredi 24 juillet 2009

Désordre.

Nous sommes fin juillet 2009 à Paris.
Il est une heure du matin, il pleut.
Ils semblent tous heureux.
Tu m'ignores.
Je suis pathétique, je me sens mal.

Vous n'avez même pas idée.

mercredi 8 juillet 2009

Mort-mourrant

Alors que j'agonise encore ici, mon cadavre est déjà en train de pourrir là-bas.

La science avance, j'ai réussi à dupliquer mon décès.

Là où certains ressuscitent, je parviens à mourir plusieurs fois de suite. Il est probable qu'en vivant dans le XIIIe, mon signe astrologique chinois ait pris le dessus: à l'inverse d'un chat qui retomberait toujours sur ses pattes au cours de ses sept vies consécutives, j'ai lentement muté vers le rat d'égout qui se fera écrasé où qu'il aille, et qui une fois mort, prendra le soin de se tuer encore.

L'anonymat parfait.

Même si l'on est pisté par notre passe Navigo, que des milliers de caméras nous surveillent et que chacune de nos communications téléphoniques sont filtrées, ce qui est bien à Paris, c'est cette sensation d'anonymat complet. Des millions d'êtres nous entourent, et nous au milieu, on existe. Et heureusement qu'il nous reste cette intime conviction d'exister, car sans ça, nous ne serions pas perçus autrement que des colis suspects. Bons à faire exploser.

Moi, au milieu de ces bombes ambulantes, j'attends un appel ou au minimum, un signe qui me prouverait que j'existe aussi pour quelqu'un d'autre. Mais dans cette sublime solitude, je me trouve bien con. Pire que les refus, j'affronte l'ignorance, l'absence de réponse, le message lu sans retour, les répondeurs et l'oubli.

Le vrai problème dans l'isolement, c'est de n'avoir personne à qui en parler.

lundi 22 juin 2009

4x3

Elle est revenue, se vautrant sur la faïence comme chaque année à la même époque.
Elle luit. Certains voudraient nous faire croire qu'elle s'est lascivement enduite d'huile de monoï, qu'elle fleure bon la fraicheur d'un soir d'été, que sa peau s'est teintée de la sorte sous l'effet d'un soleil radieux. Irradiant. Je sais que c'est faux. Elle est marron car dans cette cave surchauffée ou s'entasse des millions d'ivrognes chaque jour, la saleté colle à la peau, elle s'engouffre dans chaque pore suintant de sueur et d'alcool.

Cette pute nue luit de crasse.

Moi, seul devant cette fille de 3 mètres de long, je me laisse envahir par une vague de sentiments contradictoires. Je la trouve belle et immonde à la fois, un désir violent me saisit. Elle et cent mille autres images m'ont fait devenir une niche sentimentale: 25-30 ans, CSP+, Célibataire, Athée, Apolitique, Dépressif ; elles ont changé ma perception esthétique, modelé mes préférences sexuelles, entretenu cette attente de la femme parfaite: la salope distinguée mêlant libido, réflexion, amour et divertissement.
Je réagirai donc en homme: je suis persuadé que la seule manière de l'aimer vraiment serait de l'honorer d'un viol public. Prolonger son existence publicitaire par la création d'un tel happening serait sans aucun doute la plus belle des preuves d'amour.

dimanche 7 juin 2009

Paris m'a tuer

Ça y est.

Ils sont tous autour de mon cadavre, me posant des questions auxquelles je n'ai pas de réponse. Ils pourraient me frapper à coups de bâton que je ne me sentirais pas moins mort.

Mon corps vient d'échouer à 400 kilomètres du lieu que je déteste le plus au monde, et pourtant j'ai l'impression d'y être encore. Cette fadeur extrême dans ma perception de toute chose n'est désormais plus un sentiment sédentaire: ici comme là-bas, plus rien ne m'excite. C'est même pire, tout ici me fait voir à quel point je rate ma vie, dans chaque domaine. Mes amis ont fait leur deuil, mes veuves ne sont plus seules.
Je crois que j'ai envie de me terrer dans la cité qui m'a assassiné pour qu'on cesse de me poser cette question:

"Alors, quand est-ce que tu reviens ?"

Jamais.

Je suis mort là-bas, et ici on exhume mon cadavre pour en faire une pinata.

mercredi 27 mai 2009

Un diner sur la Seine

Et si un jour je venais à tomber amoureux de la plus belle des mouches?

Je la vois déjà, éblouissante et sereine, courant sur mon cadavre vomi par la Seine. Moi, écorché, sur une rive paisible, j'offrirai alors une épaule sur laquelle se reposer. Une épaule d'homme, rassurante et musclée. Une épaule morte, mais rassasiante à souhait.

Je prépare le diner.

mardi 19 mai 2009

De la poudre dans les yeux aussi.

Je ne savais pas qu'il était possible de feindre l'euphorie à ce point.

Déposé au milieu de trois cents personnes, largué dans ce parc de divertissement forcé, je me retrouve seul dans une foule désinhibée.
Je suis seul. Je suis sobre.
Faire figure de vieux con m'importe peu, la joie simulée m'excite autant qu'un suicide raté.
Je suis donc là, noyé dans un vacarme continu et entouré par des sexes saouls s'agitant sur des vibrations régulières. Une adolescente parle en rythme de champagne, de sexe et de cocaïne avec accent anglais mal imité. La dictature de la joie est désormais établie partout, même dans ce qui sert de musique. J'essaye de m'acclimater, mais tout ce que je fais semble devoir me faire culpabiliser, je ressens une pression énorme qui veut me forcer à m'amuser: demander une boisson sans alcool est suspect, aller pisser sans en revenir plus en forme que jamais est troublant.

La fête à Paris est une caricature.

Je ne m'amuse donc pas, mais j'observe. Assis sur le coin d'une table, je découvre des corps en mouvements, des individus qui en deviendraient presque intéressants par leur inquiétant mimétisme: ils sont toutes habillés de la même façon, ils ont tous le même comportement.
Et surtout, même dans leur état, ils consomment.
De l'alcool pour dire beaucoup de choses, de la musique forte pour en entendre peu et de la drogue parce que c'est mieux. Puis ils se consomment aussi entre eux: les numéros de téléphone se monnaient en cigarettes, les baisers en mojitos. Chaque émotion se voit vendue au plus offrant, une prostitution sentimentale régie par les lois du marché. Au fil des heures cet endroit est devenu le temple d'un monologue consumériste désolant de sophistication. La simplicité du dialogue n'existe pas ici.

Je me lève, et je fini mon verre. J'aurai tenté de comprendre le principe de joie collaborative, mais faire semblant de m'amuser coute bien trop cher à mes yeux.

J'aimerai tant être saoul pour vomir.

mercredi 6 mai 2009

Violet

Elle est seule dans le dernier wagon du dernier métro.
Elle a bu. Elle a peur.
Sa jupe ne couvre pas ses genoux, et ni son maquillage plâtreux ni ses bas trop fins ne peuvent lui apporter un quelconque sentiment de protection.
Elle tente de paraître intouchable dans cette carcasse vide qui la ramène chez elle, mais à chaque arrêt, elle se sent nue et à la merci du premier venu.

Le voila qui entre.

Tête basse, un blouson en cuir et une démarche qu'il maitrise à peine.
Elle a peur. Il a bu.
Assis face à face elle sent qu'il vient de la déshabiller d'un regard suant l'alcool et l'ennui. Elle voudrait lui cracher à la gueule et le faire payer pour tous les autres. Le courage lui manque, et la force aussi.

Lui la trouve belle, même s'il la trouve trop maquillée.
Les jolies filles lui font parfois oublier qu'il déteste ces fin de soirées en solitaire, et aussi qu'il se déteste de la même manière.
Mais comme toujours, il voit bien qu'elle fait tout pour éviter de le regarder. Il se sent seul et ignoré, il se surprend à vouloir pleurer en se demandant pourquoi il n'aura jamais la chance de se réveiller à ses côtés.
Ils ont bu, il a peur.
Il va sortir au prochain arrêt, il doit se lever.

Il en violera une autre pour se venger.


illustration par RAin.

mardi 28 avril 2009

Polyphonie affreuse

Encore lui. Il monte au même arrêt, à chaque fois. La politesse d'abord, car il sait qu'il dérange, il sait qu'il emmerde profondément les gens avec son accordéon dégueulasse: "Messieurs dames...". Et c'est parti, il oublie tout: le monde qui ne l'écoute pas, son état, la crasse sur ses doigts. Il est seul et tout le monde s'en fout, tout le monde aimerait juste qu'il soit ailleurs, lui et ce French Cancan qu'il ne jouera jamais en entier. Tout le monde essaye d'écouter autre chose, même la sonnerie annonçant la fermeture des portes semble mieux accordée. Il continue à jouer. Moi, j'ai un couteau dans la tête et du sang sur les mains en l'entendant. Je veux qu'il meurt. Qu'il meurt pour chaque symphonie assassinée, qu'il souffre pour chaque silence non respecté. Alors doucement, je glisse ma main dans mes poches, et prend la plus grosse pièce s'y trouvant. Puis il passe dans les rangs, son gobelet pitoyable dans la main, et j'y jette mon argent. Il me regarde, je lui souris. J'espère qu'avec ça il vivra plus longtemps, et qu'il prendra le soin de mourir péniblement. Ce fils de pute et ses fausses notes, j'espère bien qu'elles lui crèveront les tympans.

vendredi 17 avril 2009

La ballade des gens....

Je marche lentement et près des gens.
Il n'est pas si tard, ils ne sont pas encore saouls, et moi je suis encore une fois totalement sobre.
Je marche lentement et près des gens dans l'espoir que certains d'entre eux m'adressent la parole. Il n'en est rien. Ils marchent en groupe, elles rient entre elles. Elles ne rient même pas de moi, moi je suis transparent, je marche lentement.
Je ne sais pas où aller. A 500 mètres de chez moi, je suis perdu en plus d'être seul.
Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment faire. Comment faire pour leur parler, comment faire pour rencontrer, comment faire pour trouver un putain de but à ma vie dans cette ville fausse à en pleurer.
Je marche lentement, les yeux mouillés.
Je me demande comment je fais pour me supporter à vivre ici. En fait, je me demande comment je fais pour me supporter.
Je marche lentement, je rentre chez moi, je suis encore en vie, j'écris.

samedi 11 avril 2009

Dans le sens de la marche

La nuit tombe sur Paris, je me laisse aller , je m'oublie.
J'ai perdu la force de tout haïr. Des passagers m'accompagne nulle part, ils évitent tous mon regard. Ils m'affublent tous de cette même transparence qu'ont les vitres qui laisse passer les lumières de cette ville malade.
Nous nous arrêtons au dessus de la Seine. Même si les Ondines y sont mortes empoisonnées, elles continuent de me tendre leurs bras. Le pont ne s'effondrera malheureusement pas, je n'irai pas boire de tasse avec elles tout de suite.
Dans le sens de la marche, notre bus ne prendra pas de raccourci, ne fera pas de détour, comme ma vie: tout s'arrêtera au bout de la ligne, tout s'arrêtera comme un jour se sont arrêtés les rires des Ondines.

mercredi 8 avril 2009

Enterrement

Je vais tuer mes 24 ans ce soir.

Avoir un quart de siècle dans la "plus belle ville du monde" aurait du me faire rêver.

Il n'en est rien.

Il n'y a rien qui me fasse envie dans cet endroit qui m'habitue à ce malaise.
Je crois que pour mon anniversaire, je voudrais mourir loin du Père Lachaise.

lundi 30 mars 2009

Plaies

Je suis tellement rongé par la Seine que je crois qu'elle commence à couler dans mes veines, je me sens sale et contagieux. Toute cette eau pourrie par les cadavres de la St Barthélemy, toutes les gouttes de cet égout à ciel ouvert forment désormais le fluide qui me fait croire que j'ai quelque chose à dire. J'ai donc créé mon ennemie, et en devenant dépendant du dégoût qu'elle m'inspire me voila maintenant totalement englouti dans son indifférence. Inefficace dans les mots je devrai peut être prendre un nouvel angle de tir.

Cette fois-ci sans poésie, cette fois-ci sans rime. Du sang, et pas que le mien évidemment.

"Alors il est dit que l'on verra de l'eau souillée couler de chaque pore de chaque parisien, que le Pont des Arts sera dévoré par une hydre à 11 têtes attirée par l'odeur de vinasse et de pâté, que les tunnels se gorgeront de sang pour évacuer les corps des damnés jusqu'aux Champs-Elysées, qui retrouveront alors leur fonction originelle. Il est dit aussi que cette purge sera accompagnée par les chants de toutes les pierres qui réciteront d'une seule voix la prophétie:

Puisse la Seine couler cette île,
noyer ses fils, tuer ses putes,
laver chaque mur de chaque insulte
"

lundi 23 mars 2009

Caféine

Je suis puissant.

J'aurais pu tous les tuer, chaque parisien, à coups de poing. Je les ai tous regardés au fond des yeux, au fond de leur regard vide qui ne cache rien. Je suis rentré dans leur tête, ils ne pouvaient rien faire, je les savais tétanisés par mon attitude, terrifiés par l'idée de voir le cerveau de leur voisin prendre l'air. Je les ai tous dévisagés, un à un, lentement, un sourire sur mes lèvres, une éruption dans mes muscles, un meurtre dans chaque souffle.
Plus le métro avançait, et plus je riais.
Statique dans le wagon, je n'attendais qu'une chose: qu'un seul d'entre eux se lève pour me calmer, alors je l'aurais frappé d'une manière parfaite, je lui aurais arraché la tête pour la manger.
Mais rien, il n'y a pas eu d'agression, ni aucune tentative de rébellion. Ils sont restés sages et je suis devenu fou.

Je suis devenu Dieu.

mardi 17 mars 2009

Angoisse béton

Debout sur le trottoir de l'avenue de Choisy, j'avance dans un stress permanent.
J'avance. Mes pas sont rapides, mon corps est lent. La mâchoire serrée, j'ai des pylônes sous les dents. Les muscles tirés, j'ai l'impression que mes os vont éclater tant la totalité du béton parisien se concentre sur les 20 cm² qui séparent mes deux épaules. Tout est agressif, sauf la température que je ne perçois plus. Tout est agressif, tous les sons sont stridents. J'entends tout, je ne comprends rien.

J'avance encore. Mon corps est violent.

Je ne veux qu'une seule chose: m'écraser sur le sol. Je cherche une bonne raison de le faire. Je veux m'allonger violemment, je veux faire craquer mon corps intégralement. Étendu par terre, je pourrai faire fondre cette sensation dans le goudron. Je pourrai me faire fondre en y pressant mon front.
Je reste pourtant debout avec mon sentiment, à rêver d'une fusillade et d'une balle perdue, sauf pour moi. A rêver d'un Paris en état de siège, d'un tireur embusqué qui m'abattrait silencieusement. A rêver d'un repos fracassant, bercé par les cris des passants. Je rêve de cet alibi qui me couchera sur le pavé, mais encore une fois, je reste debout par lâcheté.

J'avance encore, j'attends l'accident.

lundi 9 mars 2009

Phare Eiffel

En plein milieu de l'île, des montagnes d'eau semblent me dominer. Je croyais avoir commencé à faire fondre la neige de cet hiver, je me retrouve menacé par un torrent glacé.
En plein milieu de l'île il y a un phare géant, j'aurai du le voir de loin et éviter l'échouement. Maintenant j'essaye de construire un radeau avec des méduses, les pieds bloqués dans du béton armé, et si la trombe venait à tomber, je serai fixe dans la marée. Fixe mais bien noyé.

En plein milieu du creux... je suis vague.

jeudi 26 février 2009

Des rats dans une gouttière

Des rats courent dans une gouttière.
Il attend son métro, encore. Il sait qu'il arrivera prochainement, mais en attendant, il n'y a rien. Sous son siège, du vide, entre ses mains du vide, dans sa tête du vent.
Tout lui semble à l'arrêt dans cette cave qu'on lui présente comme un point de départ. Il pense à une seconde éternelle, celle-là même qu'il vivra à l'instant de sa mort: du blanc, du soleil, et encore un tunnel.
Il aimerait qu'on lui présente une issue. Pas simplement une main tendue, mais plutôt une main crochue, une main qui le tirera vers la surface, et pourquoi pas même un poing dans la face.
Il aimerait que ça soit elle, mais elle ne le regarde plus, leurs regards se sont croisés trop de fois pour encore jouer aux étrangers. Elle baisse les yeux.
De l'autre coté des rails il songe à la rejoindre.
Des rats courent dans une gouttière.
Sur le bord du quai, les pieds presque au bord du trou, les larmes presque au bord des joues, un raccourci se trace devant lui.

Un vertige se trace aussi.

lundi 23 février 2009

Paris tu l'aimes...

"-T'es vraiment trop con de rester à Paris...
Ça fait un an que tu nous fais chier avec tes conneries... Qu'est ce que t'attends? On dirait que t'aimes ça de rester dans ta vie de merde, à te plaindre à la face du monde que t'es pas heureux là où tu vis. Qu'est ce qui te retiens ici, tu peux me le dire?

-J'ai un boulot, et puis, j'ai quelques amis ici aussi finalement...

-Ouais et alors?

-Ben c'est difficile de tout plaquer...

-Quand tu t'es cassé t'as pas tout plaqué?

-Si mais c'était différent, j'avais besoin de partir...

-...

-Oui je sais, j'ai encore besoin de partir.

-Continue...

-J'en ai marre de pas être bien ici ou ailleurs, si je me casse, c'est encore une fois pour tout recommencer, et finalement recommencer à détester l'endroit où je suis... même si je commence à comprendre que le problème dans cette phrase, c'est pas "l'endroit" c'est "je suis".

-Putain mais arrête avec ça, laisse toi vivre un peu. Oui "on meurt tous à la fin", oui "la vie c'est du remplissage", et puis après ? Tu veux penser binaire ? Pense binaire alors, et soit tu te pends maintenant et on en parle plus, ou soit tu remplis ta vie de merde avec des choses qui te donnent envie de patienter un peu avant de sauter de ta chaise.

-Ouais je sais tout ça... Mais si tu m'enlève ça, je crois que je crée plus rien.

-Ah oui c'est vrai: la mélancolie créatrice de l'artiste, la tristesse fracassante. Blaireau va, tu nous tiens un discours sur l'inutilité de l'existence humaine, sur les aberrations de l'histoire et de l'incapacité qu'ont les hommes à apprendre de leurs erreurs, et tu viens nous faire chier avec des "créations" ?
Elles sont pour qui ces créations ? Pour la postérité non ? Si tu veux être logique, ne crée rien, de toute façon tout sera détruit ou oublié et le peu qui restera ne sera pas assimilé...
Ferme ton blog, brûle tes disques.

-Pourquoi pas...

-Je commence à penser que tu vires parisien avec ton attitude élito-dépressive. Tu m'énerves. Salut et marre toi bien dans ta vie de con."

mardi 17 février 2009

Des filles et du marketing.

C'est étrange comme la perception d'un environnement peut changer dès lors qu'on y vit quotidiennement.

Je me rappelle de quelques séjours très courts à Paris il y a quelques années, où je découvrais cette ville comme un touriste. Un de mes souvenirs les plus marquants de ces escapades parisiennes est le sentiment que j'avais de ne croiser que des jolies filles.
Partout.
Dans le métro, dans la rue, dans les magasins, dans les salles de concerts et dans les bars, elles paraissaient toutes sublimes. Je ne sais pas pourquoi, c'était sans doute une réaction naturelle à la découverte de filles sophistiquées telles qu'on en trouve peu en province, elles semblaient toutes sortir de séances photos pour des magazines de mode. Elles avaient la classe qu'ont les filles inaccessibles.

Puis je me suis installé dans cette capitale, où j'ai oublié pendant presque un an d'y regarder les filles à cause de l'exclusivité que j'accordais à ma relation amoureuse et provinciale de l'époque.
Mais tout a une fin, surtout quand je le décide.
Je me suis donc forcé à recommencer à regarder autour de moi pour y retrouver le charme de ces demoiselles que j'avais cru apercevoir jadis. Les yeux grands ouverts, j'ai essayé de les retrouver, sans succès.
Tout ce que je vois désormais ce ne sont que les mêmes franges, les mêmes fringues, les mêmes doses outrancières de maquillage sur les mêmes visages dénaturés, les mêmes regards creux lorsqu'on en croise par accident, les mêmes tatouages exhibés sous les mêmes crèmes auto-bronzantes, les mêmes bouches en cul de poule, les mêmes culs de poules, les mêmes attitudes vulgaires, les mêmes goûts pour la musique de merde, les mêmes ballerines en été, les mêmes bottes en hiver, et surtout la même gueule toute l'année.

Je tends à penser que les jolies filles ne faisaient partie que d'un plan marketing de la ville de Paris pour y attirer le provincial: une fois que le Nantais naïf ait déménagé, on a laissé les mannequins dans la vitrine et on le fait désormais errer dans des rayons gorgés d'articles défectueux sortis de la même chaîne de montage.

Je crois que je n'aime pas le marketing.

dimanche 15 février 2009

Paris est magique

"-Ca va ? T'as l'air perdue...
-Non non, j'attends mon dealer"
Elle aurait pu me dire quelle rêverait d'une douche de sperme que j'aurais trouvé ça moins vulgaire.

Pendant la petite heure de marche qui sépare Ménilmontant de la place d'Italie, je n'ai pensé qu'à ça tout en observant la population qui sillonne les rues à trois heures du matin.
Normalement les gens saouls et les camés légers me font rire, mais je m'aperçois en vieillissant que plus ça va et plus j'ai envie d'égorger chaque petit malin se vantant de sa dépendance à la "C" en se bourrant la gueule au whisky-coca dans le métro. Le prosélytisme bachique m'emmerde profondément.

Il n'y a plus que des drogués et des alcooliques à Paris, la poudre au nez et la bouteille à la main semblent être vendus avec la panoplie du parfait petit parisien. J'ai vraiment l'impression de ne pas être à ma place ici, l'impression d'être un freak en étant trop normal.

Je ne suis pas un jeune déluré, je suis peut être un vieux con prématuré.

samedi 7 février 2009

Conte parisien

Il était une fois un putain de crapaud avec une cigarette dans la gueule.

Pour faire 10 kilomètres comme une taupe, on m'a forcé à ouvrir les narines, on y a injecté des pincées de bouffe avariée, des effluves de goudron chaud, des relents de pisse coupée à la sueur, et quelques litres de cette foutue poussière noire qui ne semble plus gêner personne dans ce métro dégueulasse.

Abracadabra: tout pue ici...

Je me demande si les gens s'habitue à l'odeur de Madeleine. Je me demande si à force on vient à penser que ça vient de notre haleine. Je me demande et en même temps je continue d'inspirer comme si je ne savais faire que ça.

L'histoire nous dit que lorsque je commencerai à tirer sur le filtre en ayant atteint une taille humaine, une bergère charmée par le regard creux d'un animal aussi méphitique tentera un bouche-à-bouche pour joyeusement me faire exploser.

Fin.

jeudi 5 février 2009

Ça va passer...

Je suis malade depuis hier.

Ça faisait deux ans que je ne l'avait pas été au point de devoir rester chez moi.
Je vous vois venir, vous pensez que je vais encore jeter la pierre sur Paris et son air maladif.
Et bien non, une gastro-entérite n'est pas un mal typiquement parisien, même si ses syndromes pourrait parfaitement s'appliquer à ce que je pense de cette ville.

Aujourd'hui, je suis donc resté chez moi, forcé à l'ennui. Entre un mauvais film, deux douches et quelques tentatives de siestes, je me suis retrouvé comme un petit vieux, face à la fenêtre, à espionner ce qui se passait six étages plus bas.
C'est fou comme d'ici tout le monde va dans le même sens aux mêmes heures, ça en devient presque beau, ça unifie, ça fraternise. Le seul problème est que dans mon état, tous ces gens qui entrent puis sortent par flots régulier des bouches de métro...

Vite un Vogalène.

vendredi 30 janvier 2009

Est-ce que je t'aime ?

Je vais pour une fois essayer de vivre avec toi.

Loin de mes habitudes passées, je vais essayer de laisser le temps faire son ouvrage.
Peu importent ces sentiments forts qui s'éroderont, peu importe la routine qui devra de toute façon s'installer, je te laisserai peu à peu faire partie de ma vie.

Je suis las des remises en questions, fatigué par ces joutes émotionnelles dont je suis toujours sorti vaincu. Je vais donc me laisser faire, voire pire: je vais te laisser faire.

Tenter de construire une telle relation va devoir m'obliger à réviser l'attitude que je me suis contraint d'adopter depuis des années. Et ceci n'est pas chose aisée. Je vais donc devoir changer ma conception de la rupture de la manière suivante: je ne te quitterai pas pour éviter de te mentir, je te quitterai uniquement si je trouve mieux.

Et puis s'il faut vivre ensemble et que les sentiments viennent à disparaitre, autant qu'ils laissent la place à l'indifférence plutôt qu'au dégoût. A l'heure où je me sentirai à nouveau vide, je me forcerai à t'ignorer, à ignorer ces repas les yeux dans le vide, ces soirées sans rien à se dire et ces nuits sans affection. Je vivrai avec toi mais n'hésiterai pas à te tromper à chaque occasion, je créerai même les occasions s'il le faut. Je vivrai avec toi mais je n'aurais plus jamais de remord à te mentir, l'honnêteté ne m'a pas réussi, je ferai donc comme les autres: pour seule preuve d'affection, je mentirai par omission.

Je n'espère pas ton bonheur, et à dire vrai, sache que j'ai déjà envie de te quitter.

Paris,
je vais dormir avec toi ce soir,
mais ne t'attends à rien de ma part,
tu ne m'excites pas.

samedi 24 janvier 2009

Vendredi, Paris, ennui.

Je ne pensais pas qu'il y avait des moments pire que le dimanche après-midi à Paris. Pourtant ce soir, il me semble avoir traversé un instant plus vide que n'importe quel autre.
Je suis sorti du travail bien trop tard pour avoir le temps de réellement décompresser, et je suis surtout sorti du travail bien trop seul pour savoir comment occuper le temps de ma soirée.

Une obsession: faire quelque chose du temps libre que l'on m'accorde.

A peine rentré chez moi, j'étais déjà perdu entre mon frigo et ma volonté de trouver des personnes avec qui passer la soirée. Cependant je connais trop peu de gens disponibles le vendredi soir à Paris pour ne pas songer à devoir en rencontrer d'autres. La foudre tombe :"comment fonctionnent les rencontres ?"

Je ne me souviens pas avoir rencontré quelqu'un sans aucun intermédiaire préalable depuis longtemps (bien évidemment en dehors de la facilité qu'apportent la distance physique et l'anonymat sur internet) . J'entends par là, choisir de faire le premier pas vers un inconnu, et non subir une rencontre imposée par un tiers.
Je suis d'un naturel extrêmement timide lorsque je ne suis pas dans un environnement familier et je ne profite pas des effets de l'alcool pour me désinhiber. Pire que tout, je me retrouve seul face à mon incapacité de lancer un quelconque sujet de conversation qui m'intéresse et il m'est très difficile d'avoir un avis dans une discussion déjà entamée: j'ai 24 ans et je n'ai ni conscience politique, ni réelle conviction philosophique. A 24 ans, je suis un adolescent qui se désintéresse de tout.
Comment dans ces conditions puis-je alors aller à la rencontre de nouvelles personnes sans me cacher derrière mon écran d'ordinateur ? Le problème est posé, je n'ai pas fait l'effort de trouver une réponse ce soir.

Point vide: vous êtes ici.

Dans cette impasse méthodologique et dans un élan de motivation, je suis parti chez Virgin, faire ce que l'on attends que je fasse de mon temps libre. On m'y a poussé à acheter Moins Que Zéro de Bret Easton Ellis, en me disant que j'allais m'y retrouver. Si j'ai le courage de le lire jusqu'au bout, après avoir abandonné Voyage Au Bout De La Nuit, peut-être que je me sentirai plus intelligent et que j'aurais plus de chose à raconter lors de potentielles rencontres...

Conclusion.
Le vendredi soir, c'est un dimanche en condensé, un "rien à faire" qu'il faut combler pour avoir quelque chose à raconter le lundi matin devant la machine à café. Ne rien faire un vendredi soir, c'est gaspiller une occasion de se tuer.

dimanche 18 janvier 2009

Rien

Ce retour à Paris ressemble à un retour au vide.
Ce nouveau départ espéré, ces changements décidés,
tout est bien parti pour se faire attendre.
Tout est bien parti.

Moi je reste ici, à écrire sur un hiver imprécis.

Je lis des phrases, j'en comprends certaines,
J'apprends à subir quelques violences soudaines,
Je relis mes phrases et je trouve qu'elles sont vaines.
Je relis tes phrases.

Certaines colères sont justes. Tes mots sont précis.

jeudi 15 janvier 2009

De l'aménagement urbain et architectural

A force de passer ma vie dans le métro il m'arrive que j'en sorte, et aujourd'hui, une fois dehors, j'ai fait une chose que de peu de parisiens font.
Non, je n'ai pas souri.
J'ai levé les yeux.
Non pas pour regarder mes contemporains s'agiter sur des trottoirs trop étroits, mais pour regarder la ville en elle-même. Une question m'a frappée:

Comment, au début du XXIème siècle, Paris peut encore être considéré comme une capitale de la mode et du bon goût par le reste du monde ?

Tout y est vieux, de la tour Eiffel au métro, en passant par cette architecture haussmannienne que l'on qualifie encore de "charmante" par opposition aux insultes visuelles que représentent les constructions faites depuis la fin des bombardements alliés...
J'ai l'impression de vivre dans une ville qui a arrêté de se regarder au milieu des années 1970. Voire 1870: Les communards ont eu le Sacré-Coeur, et depuis, plus rien mis à part un gigantesque porte-clé lumineux.

J'ai donc levé les yeux, j'ai remarqué que chaque mur était gris, que tout respirait la maladie et la neurasthénie.

Je me demande quel est le niveau de déception ressenti par un touriste lorsqu'il débarque dans cette ville idéalisée. Pigalle n'est pas classe et sexy, les boutiques de Montmartre ressemblent à celles de Disneyland, les Champs-Elysées ne sont qu'un centre commercial à ciel ouvert, un Leclerc géant avec vue sur un caillou commémorant les délires belliqueux d'un tyran minimisé.

Il serait peut-être temps de lever les yeux et de voir que tout est moche à Paris.
Il serait peut-être temps de lever les yeux et de voir que tout est vieux à Paris.
Il serait peut-être temps de tout raser pour ériger les portes clés du XXIIème siècle.

En attendant, j'ai rebaissé les yeux : les trottoirs de Paris réservent parfois des surprises.

dimanche 11 janvier 2009

Vous ne regarderez plus les sportifs de la même façon dans le metro.

Je viens d'aller voir "Secret Défense", un film français racontant les histoires parallèles d'une jeune recrue de la DGSE et d'un futur terroriste. On y voit la mise sur pied d'un attentat chimique dans le métro parisien, tout semble réalisé de manière crédible, et finalement on sort de la salle diverti mais conscient du "danger terroriste". On pourrait aller jusqu'à penser que le film sert le terrorisme dans sa forme la plus pure: il parle d'éventuels attentats et le public sort des salles de cinéma terrorisé...

Une chose m'étonne tout de même dans le terrorisme actuel, c'est qu'il ne crée pas de vocations individuelles.
Je m'explique.
Pourquoi, dans la masse de personnes qui décident chaque jour de mettre fin aux leurs, n'a t-on pas plus d'amok ? En gros, pourquoi personne ne maquille son suicide en attentat, ou pourquoi des extrémistes isolés ne se font pas sauter dans un métro sans avoir besoin d'un stage en Afghanistan ?

A t-on perdu à ce point l'esprit d'initiative que même les actes désespérés doivent être organisés par une autorité supérieur ?

Ne nous leurrons pas et cessons de croire qu'un attentat est difficile à réaliser! N'importe quel coléreux dépressif est capable de fabriquer un détonateur ("The Anarchist Cookbook" est disponible sur internet.) et de mettre une bombonne de gaz dans un sac de sport...

Ceci n'est bien sûr pas un appel aux candidatures, mais juste une mise au point sur la relativité du danger terroriste dans les grandes villes. En étant moi-même un peu plus misanthrope, je n'aurais jamais fait de blog, mais plutôt un tour chez Décathlon...

jeudi 8 janvier 2009

Apnée

J'ai l'impression d'aspirer le vide autour de moi ma cage thoracique écrasée sur elle même compressant mes poumons le corps comme un drain encore dans un train 200 personnes dans un wagon elles respirent toutes sur le même ton chaque fois qu'elles gonflent je m'effondre un peu plus le stress est évident terriblement passionnant il m'a fait oublier la possibilité d'une fin par accident je porte une bombe dans chaque membre j'aurai du mourir en septembre j'attends février un futur à portée demain il y en aura encore combien des rues mortes des feuilles blanches des nuits vides et des PARIS SOUS LA NEIGE ?

lundi 5 janvier 2009

3h18

J'aime ce que je viens de faire, me relever pour écrire.

Encore une nuit avec ce formidable sentiment d'être seul.
Je vis dans une ville où plus de 2 000 000 d'habitants s'agitent, pourtant sans faire assez de vent pour souffler le gaz qui les intoxique, et je me sens moi-même plus transparent que le monoxyde de carbone.

Analyse, à trois heures et demi.

Être célibataire à Paris.
Faire le choix de l'être redevenu. Faire celui de ne pas sauter sur n'importe quelle pute enfarinée où autre comédienne demeurée, et de toute façon sentir que même si on voulait sauter dessus on s'écraserait à côté.
Ne pas boire d'alcool. Refuser la facilité de l'ivresse pour distraction, et donc se couper de ces soirées parisiennes où le gratin des catins nappe le haut du panier de la petite bourgeoisie en chaussures pointues, le tout dansant sur le prochain mégamix des futures signatures Ed Banger. Je ne comprends pas ce monde, je déteste l'électro.
Travailler sur Internet. Avoir un travail car on avait des passions avant de gagner de l'argent avec. Voir la musique se transformer en £/$/€ et VU/CTR/CPM, ça frise le terrorisme...

J'ai l'impression d'avoir le cœur dans les chiottes du Printemps du Boulevard Haussmann, tout pourrait presque s'embraser s'il manquait pas l'étincelle à ce pétard mouillé.

Finalement j'ai l'air d'un con et je suis comme n'importe quel wagon
avec un bon gros tag sur le front: " Ici pas plus d'amour que d'explosion".

vendredi 2 janvier 2009

Attention, violence.

Voici ce que j'ai écrit dans le train qui vient de mettre 4 heures pour me ramener à Paris:

" Mon train vient de percuter le premier suicidé de l'année.
Mourir un premier Janvier, une belle idée.
Dehors un peu de viande doit colorer le gravier.
Ici, l'annonce a ouvert l'appétit des passagers:
le wagon restaurant est bondé.
Que faire pour patienter? Écrire ou manger?
Peut être chercher quelques membres dispersés...

Je me demande la réelle incidence d'un choc entre un TGV lancé à plus de 200 Km/H, et un corps de 70 Kg...
Pourquoi nous sommes nous arrêtés?
Pour dire au cadavre qu'il aurait pu se blesser?
Ou pour enlever les restes de tripes coincées dans la carlingue
afin de ne pas gêner les voyageurs à leur arrivée?

Finalement, même avec la meilleure volonté du monde que cette pauvre âme à mise pour m'empêcher de rentrer, elle aurait du mourir 3 heures plus tôt pour vraiment paralyser le réseau, au moins pour ce soir..."

Je vous avais prévenu.