dimanche 28 novembre 2010

3ème tour.

Encore une révolution avec les mains plantées dans les poches
les pavés pleuvaient sur Nation, on est quand même plus si proches
En admettant qu'on se manque, octobre brulait dans la crise
et calcinait toutes les feuilles mortes, les brouillons de mes lettres à Lise.

Quelques brasiers n'ont pas suffit, et la Bastille s'est remontée
je ne t'ai pas vu t'en aller seule au beau milieu des tranchées
puis Novembre a gueulé ton nom pour sonner le glas d'une guerre
y a plus personne à Nation y'a plus personne sur la terre

Sache qu'ici aussi c'est l'hiver, les arbres savent s'y préparer
et puisque j'aurai du me taire je n'aurai qu'à les imiter:
du mauvais côté de la glace je resterai près de la seine
les poumons vides à la surface. Il serait temps que tu reviennes

Il commence à faire froid

vendredi 9 octobre 2009

Cliquez, consommez.

Paris c'est dégueulasse, il y a de la pub partout, même sur ce blog.

Ça devrait pas rester longtemps, mais je veux voir si la perversion du système commercial poussera Google à afficher des annonces pour des sites vendant des bouteilles de gaz et de la mitraille. Après quoi on devrait m'accuser d'être financé par le terrorisme.

On s'amuse comme on peut.

mercredi 7 octobre 2009

Comment tout perdre, à commencer par son temps?

Tout d'abord, il faut se munir de temps en quantité déraisonnable, le luxe du gaspillage commence par la proximité de l'opulence. Commençons sur une base de vingt-quatre heures par jour de moyenne, extensible par la suite en développant nos compétences de gestion de tâches chronophages en simultané.
L'ubiquité appliquée au brassage de vent.

Ensuite, vivre dans une grande ville, la plus impersonnelle qui soit, par exemple Paris. Paris la grande, la magnifique, étendue sur des dizaines de kilomètres, sinueuse à souhait, grouillant de toute part, avec vous pas vraiment au milieu, mais pas assez excentré pour vous couper l'espoir de pouvoir vous y déplacer rapidement. L'espoir c'est quelque chose de sale. L'espoir, c'est se faire casser un seul genou et penser pouvoir se relever. L'espoir c'est dire "je t'aimerai toute ma vie".
L'espoir c'est un mensonge à retardement.

Enfin, il faudra essayer de rencontrer des gens sans la farce de l'ivresse.
Prendre rendez-vous avec une amie, demander si elle est libre, attendre une réponse, désespérer seul, prévoir autre chose, obtenir une réponse, repousser le rendez-vous, ne plus jamais avoir de nouvelles. Attendre le soir, patienter seul. Attendre le métro, parcourir sept cents cinquante mètres, perdre son temps à vouloir en gagner. Appeler, tomber sur un répondeur, laisser un message. Rentrer chez soi, seul. Laisser un commentaire, attendre un mail. Se coucher tard, se lever tard, recommencer.
Et à la fin regarder sa montre, et pester devant tout ce temps à venir, et chercher une idée pour le passer agréablement.
Appeler quelqu'un, convenir d'un rendez-vous, et annuler.

mardi 28 juillet 2009

Les enfoncer toutes.

Et puis j'ai découvert le bonheur de la violence spontanée.

A la sortie de ces longs couloirs dégueulasses, après un trajet collé à un poteau poisseux, j'ai pu en moins de deux secondes laisser éclater une colère fulgurante, une réaction inappropriée face à la futilité de la menace, une frappe préventive dans le but de vomir une accumulation de pression inédite.

Transporté dans une foule où chacun de mes pas étaient régis par la cadence qu'elle imposait, je me suis vu gonfler de haine, ou plutôt d'une envie insatiable de tuer chacune des personnes m'entourant à mains nues.
Dans ce magnifique sentiment, il me fallait trouver un exutoire simple et efficace, c'est alors qu'elles sont venues à moi, ces deux putes en habits de lumière. Je les avais vu de loin et je pressentais déjà l'événement, imaginant chaque phase de mon geste pour les atteindre à la tête, dans une tempête meurtrière. Au fur et à mesure que j'approchais, je préparais mon coup: une droite sans avertissement, je n'avais pas le temps de discuter et l'idée d'un contact me remplissais d'une excitation sans précédent.

Je ne m'étais pas trompé, la non réaction de leur part a déclenché mon déferlement de violence. Dans une seule percussion, je les ai atteintes toutes les deux, elles n'ont rien pu éviter. A ce moment, je me suis laissé traversé d'un sentiment de complète béatitude, il ne manquait que la vue du sang à cette sublime victoire. Je n'ai pas eu à attendre trop longtemps, une de mes phalanges ayant pris soin d'éclater sur leur petites gueules.

Je me suis senti grand, la prochaine fois je frapperai autre choses que des portes automatiques. Pour voir.

vendredi 24 juillet 2009

Désordre.

Nous sommes fin juillet 2009 à Paris.
Il est une heure du matin, il pleut.
Ils semblent tous heureux.
Tu m'ignores.
Je suis pathétique, je me sens mal.

Vous n'avez même pas idée.

mercredi 8 juillet 2009

Mort-mourrant

Alors que j'agonise encore ici, mon cadavre est déjà en train de pourrir là-bas.

La science avance, j'ai réussi à dupliquer mon décès.

Là où certains ressuscitent, je parviens à mourir plusieurs fois de suite. Il est probable qu'en vivant dans le XIIIe, mon signe astrologique chinois ait pris le dessus: à l'inverse d'un chat qui retomberait toujours sur ses pattes au cours de ses sept vies consécutives, j'ai lentement muté vers le rat d'égout qui se fera écrasé où qu'il aille, et qui une fois mort, prendra le soin de se tuer encore.

L'anonymat parfait.

Même si l'on est pisté par notre passe Navigo, que des milliers de caméras nous surveillent et que chacune de nos communications téléphoniques sont filtrées, ce qui est bien à Paris, c'est cette sensation d'anonymat complet. Des millions d'êtres nous entourent, et nous au milieu, on existe. Et heureusement qu'il nous reste cette intime conviction d'exister, car sans ça, nous ne serions pas perçus autrement que des colis suspects. Bons à faire exploser.

Moi, au milieu de ces bombes ambulantes, j'attends un appel ou au minimum, un signe qui me prouverait que j'existe aussi pour quelqu'un d'autre. Mais dans cette sublime solitude, je me trouve bien con. Pire que les refus, j'affronte l'ignorance, l'absence de réponse, le message lu sans retour, les répondeurs et l'oubli.

Le vrai problème dans l'isolement, c'est de n'avoir personne à qui en parler.