lundi 22 juin 2009

4x3

Elle est revenue, se vautrant sur la faïence comme chaque année à la même époque.
Elle luit. Certains voudraient nous faire croire qu'elle s'est lascivement enduite d'huile de monoï, qu'elle fleure bon la fraicheur d'un soir d'été, que sa peau s'est teintée de la sorte sous l'effet d'un soleil radieux. Irradiant. Je sais que c'est faux. Elle est marron car dans cette cave surchauffée ou s'entasse des millions d'ivrognes chaque jour, la saleté colle à la peau, elle s'engouffre dans chaque pore suintant de sueur et d'alcool.

Cette pute nue luit de crasse.

Moi, seul devant cette fille de 3 mètres de long, je me laisse envahir par une vague de sentiments contradictoires. Je la trouve belle et immonde à la fois, un désir violent me saisit. Elle et cent mille autres images m'ont fait devenir une niche sentimentale: 25-30 ans, CSP+, Célibataire, Athée, Apolitique, Dépressif ; elles ont changé ma perception esthétique, modelé mes préférences sexuelles, entretenu cette attente de la femme parfaite: la salope distinguée mêlant libido, réflexion, amour et divertissement.
Je réagirai donc en homme: je suis persuadé que la seule manière de l'aimer vraiment serait de l'honorer d'un viol public. Prolonger son existence publicitaire par la création d'un tel happening serait sans aucun doute la plus belle des preuves d'amour.

dimanche 7 juin 2009

Paris m'a tuer

Ça y est.

Ils sont tous autour de mon cadavre, me posant des questions auxquelles je n'ai pas de réponse. Ils pourraient me frapper à coups de bâton que je ne me sentirais pas moins mort.

Mon corps vient d'échouer à 400 kilomètres du lieu que je déteste le plus au monde, et pourtant j'ai l'impression d'y être encore. Cette fadeur extrême dans ma perception de toute chose n'est désormais plus un sentiment sédentaire: ici comme là-bas, plus rien ne m'excite. C'est même pire, tout ici me fait voir à quel point je rate ma vie, dans chaque domaine. Mes amis ont fait leur deuil, mes veuves ne sont plus seules.
Je crois que j'ai envie de me terrer dans la cité qui m'a assassiné pour qu'on cesse de me poser cette question:

"Alors, quand est-ce que tu reviens ?"

Jamais.

Je suis mort là-bas, et ici on exhume mon cadavre pour en faire une pinata.