jeudi 26 février 2009

Des rats dans une gouttière

Des rats courent dans une gouttière.
Il attend son métro, encore. Il sait qu'il arrivera prochainement, mais en attendant, il n'y a rien. Sous son siège, du vide, entre ses mains du vide, dans sa tête du vent.
Tout lui semble à l'arrêt dans cette cave qu'on lui présente comme un point de départ. Il pense à une seconde éternelle, celle-là même qu'il vivra à l'instant de sa mort: du blanc, du soleil, et encore un tunnel.
Il aimerait qu'on lui présente une issue. Pas simplement une main tendue, mais plutôt une main crochue, une main qui le tirera vers la surface, et pourquoi pas même un poing dans la face.
Il aimerait que ça soit elle, mais elle ne le regarde plus, leurs regards se sont croisés trop de fois pour encore jouer aux étrangers. Elle baisse les yeux.
De l'autre coté des rails il songe à la rejoindre.
Des rats courent dans une gouttière.
Sur le bord du quai, les pieds presque au bord du trou, les larmes presque au bord des joues, un raccourci se trace devant lui.

Un vertige se trace aussi.

lundi 23 février 2009

Paris tu l'aimes...

"-T'es vraiment trop con de rester à Paris...
Ça fait un an que tu nous fais chier avec tes conneries... Qu'est ce que t'attends? On dirait que t'aimes ça de rester dans ta vie de merde, à te plaindre à la face du monde que t'es pas heureux là où tu vis. Qu'est ce qui te retiens ici, tu peux me le dire?

-J'ai un boulot, et puis, j'ai quelques amis ici aussi finalement...

-Ouais et alors?

-Ben c'est difficile de tout plaquer...

-Quand tu t'es cassé t'as pas tout plaqué?

-Si mais c'était différent, j'avais besoin de partir...

-...

-Oui je sais, j'ai encore besoin de partir.

-Continue...

-J'en ai marre de pas être bien ici ou ailleurs, si je me casse, c'est encore une fois pour tout recommencer, et finalement recommencer à détester l'endroit où je suis... même si je commence à comprendre que le problème dans cette phrase, c'est pas "l'endroit" c'est "je suis".

-Putain mais arrête avec ça, laisse toi vivre un peu. Oui "on meurt tous à la fin", oui "la vie c'est du remplissage", et puis après ? Tu veux penser binaire ? Pense binaire alors, et soit tu te pends maintenant et on en parle plus, ou soit tu remplis ta vie de merde avec des choses qui te donnent envie de patienter un peu avant de sauter de ta chaise.

-Ouais je sais tout ça... Mais si tu m'enlève ça, je crois que je crée plus rien.

-Ah oui c'est vrai: la mélancolie créatrice de l'artiste, la tristesse fracassante. Blaireau va, tu nous tiens un discours sur l'inutilité de l'existence humaine, sur les aberrations de l'histoire et de l'incapacité qu'ont les hommes à apprendre de leurs erreurs, et tu viens nous faire chier avec des "créations" ?
Elles sont pour qui ces créations ? Pour la postérité non ? Si tu veux être logique, ne crée rien, de toute façon tout sera détruit ou oublié et le peu qui restera ne sera pas assimilé...
Ferme ton blog, brûle tes disques.

-Pourquoi pas...

-Je commence à penser que tu vires parisien avec ton attitude élito-dépressive. Tu m'énerves. Salut et marre toi bien dans ta vie de con."

mardi 17 février 2009

Des filles et du marketing.

C'est étrange comme la perception d'un environnement peut changer dès lors qu'on y vit quotidiennement.

Je me rappelle de quelques séjours très courts à Paris il y a quelques années, où je découvrais cette ville comme un touriste. Un de mes souvenirs les plus marquants de ces escapades parisiennes est le sentiment que j'avais de ne croiser que des jolies filles.
Partout.
Dans le métro, dans la rue, dans les magasins, dans les salles de concerts et dans les bars, elles paraissaient toutes sublimes. Je ne sais pas pourquoi, c'était sans doute une réaction naturelle à la découverte de filles sophistiquées telles qu'on en trouve peu en province, elles semblaient toutes sortir de séances photos pour des magazines de mode. Elles avaient la classe qu'ont les filles inaccessibles.

Puis je me suis installé dans cette capitale, où j'ai oublié pendant presque un an d'y regarder les filles à cause de l'exclusivité que j'accordais à ma relation amoureuse et provinciale de l'époque.
Mais tout a une fin, surtout quand je le décide.
Je me suis donc forcé à recommencer à regarder autour de moi pour y retrouver le charme de ces demoiselles que j'avais cru apercevoir jadis. Les yeux grands ouverts, j'ai essayé de les retrouver, sans succès.
Tout ce que je vois désormais ce ne sont que les mêmes franges, les mêmes fringues, les mêmes doses outrancières de maquillage sur les mêmes visages dénaturés, les mêmes regards creux lorsqu'on en croise par accident, les mêmes tatouages exhibés sous les mêmes crèmes auto-bronzantes, les mêmes bouches en cul de poule, les mêmes culs de poules, les mêmes attitudes vulgaires, les mêmes goûts pour la musique de merde, les mêmes ballerines en été, les mêmes bottes en hiver, et surtout la même gueule toute l'année.

Je tends à penser que les jolies filles ne faisaient partie que d'un plan marketing de la ville de Paris pour y attirer le provincial: une fois que le Nantais naïf ait déménagé, on a laissé les mannequins dans la vitrine et on le fait désormais errer dans des rayons gorgés d'articles défectueux sortis de la même chaîne de montage.

Je crois que je n'aime pas le marketing.

dimanche 15 février 2009

Paris est magique

"-Ca va ? T'as l'air perdue...
-Non non, j'attends mon dealer"
Elle aurait pu me dire quelle rêverait d'une douche de sperme que j'aurais trouvé ça moins vulgaire.

Pendant la petite heure de marche qui sépare Ménilmontant de la place d'Italie, je n'ai pensé qu'à ça tout en observant la population qui sillonne les rues à trois heures du matin.
Normalement les gens saouls et les camés légers me font rire, mais je m'aperçois en vieillissant que plus ça va et plus j'ai envie d'égorger chaque petit malin se vantant de sa dépendance à la "C" en se bourrant la gueule au whisky-coca dans le métro. Le prosélytisme bachique m'emmerde profondément.

Il n'y a plus que des drogués et des alcooliques à Paris, la poudre au nez et la bouteille à la main semblent être vendus avec la panoplie du parfait petit parisien. J'ai vraiment l'impression de ne pas être à ma place ici, l'impression d'être un freak en étant trop normal.

Je ne suis pas un jeune déluré, je suis peut être un vieux con prématuré.

samedi 7 février 2009

Conte parisien

Il était une fois un putain de crapaud avec une cigarette dans la gueule.

Pour faire 10 kilomètres comme une taupe, on m'a forcé à ouvrir les narines, on y a injecté des pincées de bouffe avariée, des effluves de goudron chaud, des relents de pisse coupée à la sueur, et quelques litres de cette foutue poussière noire qui ne semble plus gêner personne dans ce métro dégueulasse.

Abracadabra: tout pue ici...

Je me demande si les gens s'habitue à l'odeur de Madeleine. Je me demande si à force on vient à penser que ça vient de notre haleine. Je me demande et en même temps je continue d'inspirer comme si je ne savais faire que ça.

L'histoire nous dit que lorsque je commencerai à tirer sur le filtre en ayant atteint une taille humaine, une bergère charmée par le regard creux d'un animal aussi méphitique tentera un bouche-à-bouche pour joyeusement me faire exploser.

Fin.

jeudi 5 février 2009

Ça va passer...

Je suis malade depuis hier.

Ça faisait deux ans que je ne l'avait pas été au point de devoir rester chez moi.
Je vous vois venir, vous pensez que je vais encore jeter la pierre sur Paris et son air maladif.
Et bien non, une gastro-entérite n'est pas un mal typiquement parisien, même si ses syndromes pourrait parfaitement s'appliquer à ce que je pense de cette ville.

Aujourd'hui, je suis donc resté chez moi, forcé à l'ennui. Entre un mauvais film, deux douches et quelques tentatives de siestes, je me suis retrouvé comme un petit vieux, face à la fenêtre, à espionner ce qui se passait six étages plus bas.
C'est fou comme d'ici tout le monde va dans le même sens aux mêmes heures, ça en devient presque beau, ça unifie, ça fraternise. Le seul problème est que dans mon état, tous ces gens qui entrent puis sortent par flots régulier des bouches de métro...

Vite un Vogalène.