vendredi 30 janvier 2009

Est-ce que je t'aime ?

Je vais pour une fois essayer de vivre avec toi.

Loin de mes habitudes passées, je vais essayer de laisser le temps faire son ouvrage.
Peu importent ces sentiments forts qui s'éroderont, peu importe la routine qui devra de toute façon s'installer, je te laisserai peu à peu faire partie de ma vie.

Je suis las des remises en questions, fatigué par ces joutes émotionnelles dont je suis toujours sorti vaincu. Je vais donc me laisser faire, voire pire: je vais te laisser faire.

Tenter de construire une telle relation va devoir m'obliger à réviser l'attitude que je me suis contraint d'adopter depuis des années. Et ceci n'est pas chose aisée. Je vais donc devoir changer ma conception de la rupture de la manière suivante: je ne te quitterai pas pour éviter de te mentir, je te quitterai uniquement si je trouve mieux.

Et puis s'il faut vivre ensemble et que les sentiments viennent à disparaitre, autant qu'ils laissent la place à l'indifférence plutôt qu'au dégoût. A l'heure où je me sentirai à nouveau vide, je me forcerai à t'ignorer, à ignorer ces repas les yeux dans le vide, ces soirées sans rien à se dire et ces nuits sans affection. Je vivrai avec toi mais n'hésiterai pas à te tromper à chaque occasion, je créerai même les occasions s'il le faut. Je vivrai avec toi mais je n'aurais plus jamais de remord à te mentir, l'honnêteté ne m'a pas réussi, je ferai donc comme les autres: pour seule preuve d'affection, je mentirai par omission.

Je n'espère pas ton bonheur, et à dire vrai, sache que j'ai déjà envie de te quitter.

Paris,
je vais dormir avec toi ce soir,
mais ne t'attends à rien de ma part,
tu ne m'excites pas.

samedi 24 janvier 2009

Vendredi, Paris, ennui.

Je ne pensais pas qu'il y avait des moments pire que le dimanche après-midi à Paris. Pourtant ce soir, il me semble avoir traversé un instant plus vide que n'importe quel autre.
Je suis sorti du travail bien trop tard pour avoir le temps de réellement décompresser, et je suis surtout sorti du travail bien trop seul pour savoir comment occuper le temps de ma soirée.

Une obsession: faire quelque chose du temps libre que l'on m'accorde.

A peine rentré chez moi, j'étais déjà perdu entre mon frigo et ma volonté de trouver des personnes avec qui passer la soirée. Cependant je connais trop peu de gens disponibles le vendredi soir à Paris pour ne pas songer à devoir en rencontrer d'autres. La foudre tombe :"comment fonctionnent les rencontres ?"

Je ne me souviens pas avoir rencontré quelqu'un sans aucun intermédiaire préalable depuis longtemps (bien évidemment en dehors de la facilité qu'apportent la distance physique et l'anonymat sur internet) . J'entends par là, choisir de faire le premier pas vers un inconnu, et non subir une rencontre imposée par un tiers.
Je suis d'un naturel extrêmement timide lorsque je ne suis pas dans un environnement familier et je ne profite pas des effets de l'alcool pour me désinhiber. Pire que tout, je me retrouve seul face à mon incapacité de lancer un quelconque sujet de conversation qui m'intéresse et il m'est très difficile d'avoir un avis dans une discussion déjà entamée: j'ai 24 ans et je n'ai ni conscience politique, ni réelle conviction philosophique. A 24 ans, je suis un adolescent qui se désintéresse de tout.
Comment dans ces conditions puis-je alors aller à la rencontre de nouvelles personnes sans me cacher derrière mon écran d'ordinateur ? Le problème est posé, je n'ai pas fait l'effort de trouver une réponse ce soir.

Point vide: vous êtes ici.

Dans cette impasse méthodologique et dans un élan de motivation, je suis parti chez Virgin, faire ce que l'on attends que je fasse de mon temps libre. On m'y a poussé à acheter Moins Que Zéro de Bret Easton Ellis, en me disant que j'allais m'y retrouver. Si j'ai le courage de le lire jusqu'au bout, après avoir abandonné Voyage Au Bout De La Nuit, peut-être que je me sentirai plus intelligent et que j'aurais plus de chose à raconter lors de potentielles rencontres...

Conclusion.
Le vendredi soir, c'est un dimanche en condensé, un "rien à faire" qu'il faut combler pour avoir quelque chose à raconter le lundi matin devant la machine à café. Ne rien faire un vendredi soir, c'est gaspiller une occasion de se tuer.

dimanche 18 janvier 2009

Rien

Ce retour à Paris ressemble à un retour au vide.
Ce nouveau départ espéré, ces changements décidés,
tout est bien parti pour se faire attendre.
Tout est bien parti.

Moi je reste ici, à écrire sur un hiver imprécis.

Je lis des phrases, j'en comprends certaines,
J'apprends à subir quelques violences soudaines,
Je relis mes phrases et je trouve qu'elles sont vaines.
Je relis tes phrases.

Certaines colères sont justes. Tes mots sont précis.

jeudi 15 janvier 2009

De l'aménagement urbain et architectural

A force de passer ma vie dans le métro il m'arrive que j'en sorte, et aujourd'hui, une fois dehors, j'ai fait une chose que de peu de parisiens font.
Non, je n'ai pas souri.
J'ai levé les yeux.
Non pas pour regarder mes contemporains s'agiter sur des trottoirs trop étroits, mais pour regarder la ville en elle-même. Une question m'a frappée:

Comment, au début du XXIème siècle, Paris peut encore être considéré comme une capitale de la mode et du bon goût par le reste du monde ?

Tout y est vieux, de la tour Eiffel au métro, en passant par cette architecture haussmannienne que l'on qualifie encore de "charmante" par opposition aux insultes visuelles que représentent les constructions faites depuis la fin des bombardements alliés...
J'ai l'impression de vivre dans une ville qui a arrêté de se regarder au milieu des années 1970. Voire 1870: Les communards ont eu le Sacré-Coeur, et depuis, plus rien mis à part un gigantesque porte-clé lumineux.

J'ai donc levé les yeux, j'ai remarqué que chaque mur était gris, que tout respirait la maladie et la neurasthénie.

Je me demande quel est le niveau de déception ressenti par un touriste lorsqu'il débarque dans cette ville idéalisée. Pigalle n'est pas classe et sexy, les boutiques de Montmartre ressemblent à celles de Disneyland, les Champs-Elysées ne sont qu'un centre commercial à ciel ouvert, un Leclerc géant avec vue sur un caillou commémorant les délires belliqueux d'un tyran minimisé.

Il serait peut-être temps de lever les yeux et de voir que tout est moche à Paris.
Il serait peut-être temps de lever les yeux et de voir que tout est vieux à Paris.
Il serait peut-être temps de tout raser pour ériger les portes clés du XXIIème siècle.

En attendant, j'ai rebaissé les yeux : les trottoirs de Paris réservent parfois des surprises.

dimanche 11 janvier 2009

Vous ne regarderez plus les sportifs de la même façon dans le metro.

Je viens d'aller voir "Secret Défense", un film français racontant les histoires parallèles d'une jeune recrue de la DGSE et d'un futur terroriste. On y voit la mise sur pied d'un attentat chimique dans le métro parisien, tout semble réalisé de manière crédible, et finalement on sort de la salle diverti mais conscient du "danger terroriste". On pourrait aller jusqu'à penser que le film sert le terrorisme dans sa forme la plus pure: il parle d'éventuels attentats et le public sort des salles de cinéma terrorisé...

Une chose m'étonne tout de même dans le terrorisme actuel, c'est qu'il ne crée pas de vocations individuelles.
Je m'explique.
Pourquoi, dans la masse de personnes qui décident chaque jour de mettre fin aux leurs, n'a t-on pas plus d'amok ? En gros, pourquoi personne ne maquille son suicide en attentat, ou pourquoi des extrémistes isolés ne se font pas sauter dans un métro sans avoir besoin d'un stage en Afghanistan ?

A t-on perdu à ce point l'esprit d'initiative que même les actes désespérés doivent être organisés par une autorité supérieur ?

Ne nous leurrons pas et cessons de croire qu'un attentat est difficile à réaliser! N'importe quel coléreux dépressif est capable de fabriquer un détonateur ("The Anarchist Cookbook" est disponible sur internet.) et de mettre une bombonne de gaz dans un sac de sport...

Ceci n'est bien sûr pas un appel aux candidatures, mais juste une mise au point sur la relativité du danger terroriste dans les grandes villes. En étant moi-même un peu plus misanthrope, je n'aurais jamais fait de blog, mais plutôt un tour chez Décathlon...

jeudi 8 janvier 2009

Apnée

J'ai l'impression d'aspirer le vide autour de moi ma cage thoracique écrasée sur elle même compressant mes poumons le corps comme un drain encore dans un train 200 personnes dans un wagon elles respirent toutes sur le même ton chaque fois qu'elles gonflent je m'effondre un peu plus le stress est évident terriblement passionnant il m'a fait oublier la possibilité d'une fin par accident je porte une bombe dans chaque membre j'aurai du mourir en septembre j'attends février un futur à portée demain il y en aura encore combien des rues mortes des feuilles blanches des nuits vides et des PARIS SOUS LA NEIGE ?

lundi 5 janvier 2009

3h18

J'aime ce que je viens de faire, me relever pour écrire.

Encore une nuit avec ce formidable sentiment d'être seul.
Je vis dans une ville où plus de 2 000 000 d'habitants s'agitent, pourtant sans faire assez de vent pour souffler le gaz qui les intoxique, et je me sens moi-même plus transparent que le monoxyde de carbone.

Analyse, à trois heures et demi.

Être célibataire à Paris.
Faire le choix de l'être redevenu. Faire celui de ne pas sauter sur n'importe quelle pute enfarinée où autre comédienne demeurée, et de toute façon sentir que même si on voulait sauter dessus on s'écraserait à côté.
Ne pas boire d'alcool. Refuser la facilité de l'ivresse pour distraction, et donc se couper de ces soirées parisiennes où le gratin des catins nappe le haut du panier de la petite bourgeoisie en chaussures pointues, le tout dansant sur le prochain mégamix des futures signatures Ed Banger. Je ne comprends pas ce monde, je déteste l'électro.
Travailler sur Internet. Avoir un travail car on avait des passions avant de gagner de l'argent avec. Voir la musique se transformer en £/$/€ et VU/CTR/CPM, ça frise le terrorisme...

J'ai l'impression d'avoir le cœur dans les chiottes du Printemps du Boulevard Haussmann, tout pourrait presque s'embraser s'il manquait pas l'étincelle à ce pétard mouillé.

Finalement j'ai l'air d'un con et je suis comme n'importe quel wagon
avec un bon gros tag sur le front: " Ici pas plus d'amour que d'explosion".

vendredi 2 janvier 2009

Attention, violence.

Voici ce que j'ai écrit dans le train qui vient de mettre 4 heures pour me ramener à Paris:

" Mon train vient de percuter le premier suicidé de l'année.
Mourir un premier Janvier, une belle idée.
Dehors un peu de viande doit colorer le gravier.
Ici, l'annonce a ouvert l'appétit des passagers:
le wagon restaurant est bondé.
Que faire pour patienter? Écrire ou manger?
Peut être chercher quelques membres dispersés...

Je me demande la réelle incidence d'un choc entre un TGV lancé à plus de 200 Km/H, et un corps de 70 Kg...
Pourquoi nous sommes nous arrêtés?
Pour dire au cadavre qu'il aurait pu se blesser?
Ou pour enlever les restes de tripes coincées dans la carlingue
afin de ne pas gêner les voyageurs à leur arrivée?

Finalement, même avec la meilleure volonté du monde que cette pauvre âme à mise pour m'empêcher de rentrer, elle aurait du mourir 3 heures plus tôt pour vraiment paralyser le réseau, au moins pour ce soir..."

Je vous avais prévenu.