mardi 28 avril 2009

Polyphonie affreuse

Encore lui. Il monte au même arrêt, à chaque fois. La politesse d'abord, car il sait qu'il dérange, il sait qu'il emmerde profondément les gens avec son accordéon dégueulasse: "Messieurs dames...". Et c'est parti, il oublie tout: le monde qui ne l'écoute pas, son état, la crasse sur ses doigts. Il est seul et tout le monde s'en fout, tout le monde aimerait juste qu'il soit ailleurs, lui et ce French Cancan qu'il ne jouera jamais en entier. Tout le monde essaye d'écouter autre chose, même la sonnerie annonçant la fermeture des portes semble mieux accordée. Il continue à jouer. Moi, j'ai un couteau dans la tête et du sang sur les mains en l'entendant. Je veux qu'il meurt. Qu'il meurt pour chaque symphonie assassinée, qu'il souffre pour chaque silence non respecté. Alors doucement, je glisse ma main dans mes poches, et prend la plus grosse pièce s'y trouvant. Puis il passe dans les rangs, son gobelet pitoyable dans la main, et j'y jette mon argent. Il me regarde, je lui souris. J'espère qu'avec ça il vivra plus longtemps, et qu'il prendra le soin de mourir péniblement. Ce fils de pute et ses fausses notes, j'espère bien qu'elles lui crèveront les tympans.

vendredi 17 avril 2009

La ballade des gens....

Je marche lentement et près des gens.
Il n'est pas si tard, ils ne sont pas encore saouls, et moi je suis encore une fois totalement sobre.
Je marche lentement et près des gens dans l'espoir que certains d'entre eux m'adressent la parole. Il n'en est rien. Ils marchent en groupe, elles rient entre elles. Elles ne rient même pas de moi, moi je suis transparent, je marche lentement.
Je ne sais pas où aller. A 500 mètres de chez moi, je suis perdu en plus d'être seul.
Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment faire. Comment faire pour leur parler, comment faire pour rencontrer, comment faire pour trouver un putain de but à ma vie dans cette ville fausse à en pleurer.
Je marche lentement, les yeux mouillés.
Je me demande comment je fais pour me supporter à vivre ici. En fait, je me demande comment je fais pour me supporter.
Je marche lentement, je rentre chez moi, je suis encore en vie, j'écris.

samedi 11 avril 2009

Dans le sens de la marche

La nuit tombe sur Paris, je me laisse aller , je m'oublie.
J'ai perdu la force de tout haïr. Des passagers m'accompagne nulle part, ils évitent tous mon regard. Ils m'affublent tous de cette même transparence qu'ont les vitres qui laisse passer les lumières de cette ville malade.
Nous nous arrêtons au dessus de la Seine. Même si les Ondines y sont mortes empoisonnées, elles continuent de me tendre leurs bras. Le pont ne s'effondrera malheureusement pas, je n'irai pas boire de tasse avec elles tout de suite.
Dans le sens de la marche, notre bus ne prendra pas de raccourci, ne fera pas de détour, comme ma vie: tout s'arrêtera au bout de la ligne, tout s'arrêtera comme un jour se sont arrêtés les rires des Ondines.

mercredi 8 avril 2009

Enterrement

Je vais tuer mes 24 ans ce soir.

Avoir un quart de siècle dans la "plus belle ville du monde" aurait du me faire rêver.

Il n'en est rien.

Il n'y a rien qui me fasse envie dans cet endroit qui m'habitue à ce malaise.
Je crois que pour mon anniversaire, je voudrais mourir loin du Père Lachaise.