lundi 30 mars 2009

Plaies

Je suis tellement rongé par la Seine que je crois qu'elle commence à couler dans mes veines, je me sens sale et contagieux. Toute cette eau pourrie par les cadavres de la St Barthélemy, toutes les gouttes de cet égout à ciel ouvert forment désormais le fluide qui me fait croire que j'ai quelque chose à dire. J'ai donc créé mon ennemie, et en devenant dépendant du dégoût qu'elle m'inspire me voila maintenant totalement englouti dans son indifférence. Inefficace dans les mots je devrai peut être prendre un nouvel angle de tir.

Cette fois-ci sans poésie, cette fois-ci sans rime. Du sang, et pas que le mien évidemment.

"Alors il est dit que l'on verra de l'eau souillée couler de chaque pore de chaque parisien, que le Pont des Arts sera dévoré par une hydre à 11 têtes attirée par l'odeur de vinasse et de pâté, que les tunnels se gorgeront de sang pour évacuer les corps des damnés jusqu'aux Champs-Elysées, qui retrouveront alors leur fonction originelle. Il est dit aussi que cette purge sera accompagnée par les chants de toutes les pierres qui réciteront d'une seule voix la prophétie:

Puisse la Seine couler cette île,
noyer ses fils, tuer ses putes,
laver chaque mur de chaque insulte
"

lundi 23 mars 2009

Caféine

Je suis puissant.

J'aurais pu tous les tuer, chaque parisien, à coups de poing. Je les ai tous regardés au fond des yeux, au fond de leur regard vide qui ne cache rien. Je suis rentré dans leur tête, ils ne pouvaient rien faire, je les savais tétanisés par mon attitude, terrifiés par l'idée de voir le cerveau de leur voisin prendre l'air. Je les ai tous dévisagés, un à un, lentement, un sourire sur mes lèvres, une éruption dans mes muscles, un meurtre dans chaque souffle.
Plus le métro avançait, et plus je riais.
Statique dans le wagon, je n'attendais qu'une chose: qu'un seul d'entre eux se lève pour me calmer, alors je l'aurais frappé d'une manière parfaite, je lui aurais arraché la tête pour la manger.
Mais rien, il n'y a pas eu d'agression, ni aucune tentative de rébellion. Ils sont restés sages et je suis devenu fou.

Je suis devenu Dieu.

mardi 17 mars 2009

Angoisse béton

Debout sur le trottoir de l'avenue de Choisy, j'avance dans un stress permanent.
J'avance. Mes pas sont rapides, mon corps est lent. La mâchoire serrée, j'ai des pylônes sous les dents. Les muscles tirés, j'ai l'impression que mes os vont éclater tant la totalité du béton parisien se concentre sur les 20 cm² qui séparent mes deux épaules. Tout est agressif, sauf la température que je ne perçois plus. Tout est agressif, tous les sons sont stridents. J'entends tout, je ne comprends rien.

J'avance encore. Mon corps est violent.

Je ne veux qu'une seule chose: m'écraser sur le sol. Je cherche une bonne raison de le faire. Je veux m'allonger violemment, je veux faire craquer mon corps intégralement. Étendu par terre, je pourrai faire fondre cette sensation dans le goudron. Je pourrai me faire fondre en y pressant mon front.
Je reste pourtant debout avec mon sentiment, à rêver d'une fusillade et d'une balle perdue, sauf pour moi. A rêver d'un Paris en état de siège, d'un tireur embusqué qui m'abattrait silencieusement. A rêver d'un repos fracassant, bercé par les cris des passants. Je rêve de cet alibi qui me couchera sur le pavé, mais encore une fois, je reste debout par lâcheté.

J'avance encore, j'attends l'accident.

lundi 9 mars 2009

Phare Eiffel

En plein milieu de l'île, des montagnes d'eau semblent me dominer. Je croyais avoir commencé à faire fondre la neige de cet hiver, je me retrouve menacé par un torrent glacé.
En plein milieu de l'île il y a un phare géant, j'aurai du le voir de loin et éviter l'échouement. Maintenant j'essaye de construire un radeau avec des méduses, les pieds bloqués dans du béton armé, et si la trombe venait à tomber, je serai fixe dans la marée. Fixe mais bien noyé.

En plein milieu du creux... je suis vague.